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Catégorie : Confesse – le destin d’un prêtre libertin

Prix reine Mathilde

Prix reine Mathilde

Ce dimanche fut une excellente nouvelle journée pour moi : le jury du salon de Cheux m’a décerné à l’unanimité le Prix Reine Mathilde qui récompense le meilleur roman. C’est mon ouvrage « Confesse – le destin d’un prêtre libertin » qui m’a permis de décrocher ce prix.     Catherine Carteau, présidente du jury, lit ici une jolie critique, très flatteuse, qui m’a touché. Je ne boude pas mon plaisir d’en citer un passage, tant il est rare pour un écrivain d’être complimenté de la sorte : « Confesse est un drame historique, non dénué d’humour et de légèreté. […] Ce roman flamboyant qui a pour cadre le début du XVIIIe siècle, une époque somptueuse mais corrompue, à l’image de Philippe d’Orléans alors Régent du Royaume, est à la fois un roman de mœurs  et d’aventures, l’occasion pour l’auteur de faire vivre à son héros atypique des aventures bien périlleuses que le lecteur va vivre avec passion et émotion. D’une qualité littéraire indéniable, écrit dans la jolie langue du Siècle des Lumières, à la manière d’un Choderlos de Laclos ou d’un marquis de Sade, cet ouvrage de 470 pages, très bien documenté, aux descriptions somptueuses, se lit aisément, tant les rebondissements sont nombreux. Intrigues, machinations, complots de toute sorte se succèdent à un rythme effréné, sans compter l’intensité dramatique qui ne faiblit jamais, jusqu’au dénouement. C’est une vraie réussite et un prix plus que mérité. Encore félicitations, Grégory, vous avez bien du talent ! » Je crois que je vais avoir du mal à redescendre de mon petit nuage…

Et c’est ainsi que toute la journée,  58 nouveaux lecteurs sont venus se faire dédicacer mon « Confesse »…

 

Clin d’œil

Clin d’œil

Le 13 octobre 2018, au salon du livre de Bois-Guillaume, se trouvait parmi les auteurs un prêtre traditionaliste, jeune et en soutane. Il semblait intrigué par mon livre Confesse et il est venu me poser  plusieurs questions.

De nombreuses personnes ont été amusés par le décalage entre le sujet de mon roman et la présence de ce prêtre. C’est pour cette raison que le dessinateur José Mauduit a réalisé ce petit dessin qu’il m’a gentiment offert. Merci à lui.

Voici deux photos prises par Sophie P. qui montrent ce moment insolite :

Feuilletez Confesse

Feuilletez Confesse

Chapitre I : L’habit fait-il le moine ?

Nuit du samedi 6 au dimanche 7 janvier 1720

 

« – Tu t’en vas déjà, mon beau ? »

La jeune femme qui venait de poser cette question d’une voix mignarde s’étirait de tout son long à la manière d’un chat qui s’éveille. En allongeant ses membres jusqu’à toucher du bout des doigts le montant du lit, sa silhouette élégante s’affina. Son ventre se creusa formant une petite cuvette dont le nombril apparaissait comme le point de fuite. Ses seins ronds et blancs s’affaissèrent légèrement sur les côtés, inclinant ses mamelons comme s’ils perdaient l’équilibre. Par ce mouvement innocent, le drap froissé glissa le long de sa hanche en laissant apparaître à la lueur du foyer le haut de ses cuisses et son sexe.

Debout au pied du lit, l’homme sourit devant ce gracieux spectacle. Sans répondre, il enfila avec lenteur une longue chemise de batiste blanche, boutonnant son col jusqu’en haut. Il la regardait et elle, allongée sur le côté, appuyée sur son coude, le regardait aussi. Elle avait un beau visage, jeune et poupin, cerclé d’une abondante chevelure noire et ondulée. Ses yeux clairs lançaient un regard espiègle, un regard fripon qui ne cachait rien de ses intentions, ce regard, c’était le genre d’hameçon qui appâtait du premier coup les hommes qui frayaient dans les parages. Il songeait qu’il aurait bien envie de se replonger dans ce lit douillet, au plus profond de ces draps chauds, de se blottir contre le corps svelte de cette beauté et de l’enlacer de toutes ses forces, de l’embrasser, de la caresser, de l’aimer à nouveau…

Tout en se grattant le pubis avec nonchalance, il en vint à jalouser l’époux de cette jeune femme, qui pouvait venir autant de fois qu’il voulait dans cette chambre cossue et confortable, qui pouvait la posséder à n’importe quelle heure de la journée sans se cacher, sans se méfier des voisins. Mais finalement l’homme s’amusa de sa remarque, se disant qu’il fallait être bien fol pour envier la place d’un mari cocu. Tout en se moquant de lui-même, il enfila sa culotte de serge et ses bas de soie. Il était en train de mettre des souliers noirs à boucles dorées lorsque la voix de sa maîtresse se fit de nouveau entendre :

– Tu es donc pressé de me laisser seule ?

– Pas du tout, mon ange, répondit-il avec tendresse. Mais cinq heures du matin viennent de sonner. Et j’ai à faire demain, ou plutôt… aujourd’hui, j’ai à faire dès potron-minet.

– Qu’as-tu donc à faire de si important ?

– As-tu oublié que nous sommes dimanche ?

– Et alors ?

L’homme haussa les épaules en faisant une moue moqueuse pour lui signifier qu’elle avait proféré une ineptie. Il se retourna et s’empara d’un habit noir soigneusement plié sur le dossier d’une chaise cannelée. Il l’enfila sans un bruit, réajusta ses manches au niveau des poignets puis se pencha afin de faire tomber jusqu’au sol les pans de sa soutane.

– Et alors ? dit-il en plaquant son rabat noir sur son torse. Tu as de ces questions. C’est que j’ai une messe à célébrer, ma toute belle !

– C’est vrai ! J’oubliais, ajouta-t-elle en faisant une curieuse révérence d’un signe de la main, monsieur l’abbé m’a fait l’honneur de sa visite.

Elle se mit à rire aux éclats, cachant derrière sa paume une rangée de dents aussi blanches que des perles. Lui ne put s’empêcher de sourire de sa bonne humeur enfantine, de son humour taquin. Il finissait d’attacher ses cheveux longs avec une rosette couleur ébène lorsqu’elle revint à la charge :

– Il te reste encore un peu de temps. Pourquoi ne pas rester un peu plus ? proposa-t-elle en s’asseyant au bord du lit. Tu t’ennuies avec moi sous les draps ?

– Non, pas une seconde, ma belle, mais si je tombe nez à nez avec ton époux, que va-t-il se passer ? demanda-t-il légèrement soucieux. Il y a un précepte universel qui veut que tout mari qui rencontre en pleine nuit un homme dans la chambre de sa femme ne garde pas son sang-froid très longtemps.

– Aucun risque ! Il m’a prévenu qu’il ne rentrerait de son voyage qu’en fin de matinée. Son négoce de draps lui prend de plus en plus de temps… ce qui n’est pas pour me déplaire.

– Et s’il rentrait plus tôt que prévu ?

– Peu importe ! répondit-elle en faisant un geste évasif de la main. Tu lui serviras un bon sermon, sorti de derrière les fagots, qu’il s’empressera de gober.

– Ton mari est-il sot à ce point pour avaler de si grosses couleuvres ?

– Sot ? ricana-t-elle, amusée par le jeu de mot. Sot, il l’est déjà par nos galipettes mais si ta question est de savoir s’il est stupide alors détrompe-toi, Armand. Mon mari est loin d’être stupide. Certains de ses concurrents, aujourd’hui sur la paille, pourraient en témoigner. En affaires, mon mari est un sacré roublard, malin comme un renard, sachant toujours flairer le bon client. Plus madré et artificieux[1] que lui sur le marché du drap, ça n’existe pas ! Mais…

– Mais ?

– Mais aussi intelligent et retors soit-il, il a le défaut d’être bigot comme personne. Plus dévot qu’un novice la veille de prononcer ses vœux monastiques. Ce qui veut dire que dès qu’un prêtre lui adresse la parole, il perd tout sens critique et croit tout. Tu pourrais lui dire que le verre en cristal dans lequel il boit son vin tous les jours est le Saint-Graal, il te croirait pour la simple raison que tu es un ecclésiastique. Il ne lui viendrait jamais à l’idée de ne pas croire un curé ou même de le contredire.

– Est-ce pour cette raison que tu as choisi ton amant parmi le clergé local ?

– Non ! Ce n’est pas pour cela, même si j’avoue que c’est plus pratique de coucher avec son curé. C’est un gain de temps pour se confesser de ce terrible péché d’adultère. Je couche avec toi, mon mignon, susurra-t-elle en entourant son cou de ses longs bras blancs, parce que tu es le plus bel homme qu’il m’ait été donné de rencontrer.

Elle porta sa bouche au niveau de ses lèvres et l’embrassa longuement. Lorsqu’elle desserra son étreinte, elle lui chuchota à l’oreille, dans un souffle charnel :

– C’est affreux, je sens que je vais encore pêcher, mon père !

– Non ! Non ! protesta Armand en la repoussant délicatement. Je n’ai plus le temps pour cela !

– Quoi ? répliqua-t-elle en mimant la boudeuse, les sourcils froncés, les mains plaquées sur ses hanches. Tu laisserais une pécheresse au bord de la tentation ?

– Si je m’éloigne, il n’y aura plus de tentation, rétorqua-t-il plein de bon sens.

– Mais si tu t’éloignes, tu me laisses seule, l’âme avilie par toutes sortes de mauvaises pensées, plus impures les unes que les autres. Quel prêtre es-tu pour laisser ainsi une pécheresse sans confession ? demanda-t-elle taquine. Tu dois me donner ton absolution avant de partir, souffla-t-elle en plaquant sa main sur son entre-jambe et en commençant à caresser l’étoffe de la soutane.

– Pas besoin de te confesser ! déclara-t-il en retirant la main baladeuse. Je connais déjà tous les péchés que tu as commis, en pensées et en actions, les péchés d’envie, d’adultère, de luxure et tant d’autres encore qui feraient rougir de pudeur le plus lubrique des satyres. Alors en pénitence de tous ces péchés, tu réciteras une trentaine d’Ave Maria.

– Si tu n’es pas là, qui te dit que je ferai scrupuleusement cette ennuyeuse pénitence ?

– Je vérifierai lors de ma prochaine visite, annonça Armand en esquissant un sourire coquin. Sais-tu que la récitation de certaines prières délie admirablement la langue, la rendant plus souple et délicieusement agile ?

La jeune femme éclata de rire à nouveau. Elle se jeta en arrière sur le lit, le regard plein de malice, étalant ses membres nus aux yeux de son amant et lui déclara d’une voix suave :

– Alors c’est entendu, mon beau. Je ferai ma pénitence avec autant d’application que le ferait une sainte femme. Et tu verras, lors de ta prochaine visite, je ferai quelques génuflexions et te montrerai avec quelle assiduité j’ai pratiqué cette pénitence…

Le jeune prêtre ne répondit rien sur le moment, ouvrit la porte de la chambre puis il se retourna, en lançant, le regard brillant :

– Vivement la prochaine fois !

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Accoté au chambranle de la porte, Armand porta sa main à ses lèvres et envoya un tendre baiser à la jeune femme alanguie sur les draps froissés. Celle-ci fit mine de s’en saisir d’un geste rapide, comme on le ferait pour attraper un moustique en plein vol. Elle esquissa un sourire triomphant en montrant son poing fermé à son amant. Elle vint le plaquer doucement contre son sein droit. Tout en laissant sa main posée contre son mamelon, elle émit un long soupir de contentement comme si elle sentait encore la chaleur des lèvres d’Armand parcourir son corps.

Il sourit de cette coquinerie, fit un léger clin d’œil à la belle avant de refermer la porte. Il marcha d’un pas feutré sur le vieux parquet du premier étage à la façon d’un adolescent qui veut faire le mur pour quitter le domicile familial. Il se moqua de sa propre prudence, jugée excessive vu qu’il n’avait rien à craindre à cette heure. Le mari était absent. La cuisinière, les valets et le palefrenier étaient couchés depuis longtemps.

Armand eut pourtant la surprise d’apercevoir au pied de l’escalier, éveillé et silencieux dans la demeure endormie, ce domestique longiligne, au visage émacié, rencontré lors de son arrivée. A le voir dans le vestibule, aussi raide et statique qu’une statue, enserré dans sa livrée d’un blanc impeccable, on aurait pu croire qu’il faisait partie du décorum de cette maison bourgeoise, à l’instar de cette tapisserie veloutée à points noués ou de cette commode en bois de palissandre encombrée d’un grand candélabre en étain à trois branches. Par cet étalage d’objets aussi imposants que coûteux, le propriétaire voulait manifestement montrer à chaque visiteur qui franchissait le seuil de sa maison son indiscutable opulence. La présence du valet en livrée participait à cette démarche ostentatoire. Il servait de potiche humaine en quelque sorte.

En entendant le pas du prêtre dans l’escalier, la statue s’anima soudain. Elle disparut dans la pièce voisine et revint bientôt avec un tricorne usé et un long manteau noir qu’elle tendit au prêtre, sans qu’aucune parole, sans qu’aucun sourire ne vienne troubler sa face marmoréenne.

Le jeune ecclésiastique la remercia d’un léger signe de tête. Tandis qu’il enfilait ses effets, le valet taciturne se dirigea d’un pas mécanique vers la porte d’entrée.

Avant même qu’il ait pu se saisir de la poignée, la porte s’ouvrit brutalement.

Sur le seuil, apparut une silhouette sombre et trapue, coiffée d’un long chapeau et d’un frac ruisselant.

– Bon sang, tonna l’homme en entrant, je suis mouillé comme une soupe.

– Monsieur veut-il que je le débarrasse ? proposa le domestique de sa voix mate.

– Plutôt deux fois qu’une ! Et ensuite, Jacques, vous irez remettre une bourrée dans la cheminée que je me réchauffe un peu. Je suis trempé et transi, dit-il en enlevant sa pelisse d’un geste vif, éclaboussant autour de lui, comme le ferait un chien mouillé qui s’ébroue.

Il s’empressa d’ôter son chapeau et surtout sa malheureuse perruque, totalement imbibée d’eau. Tout en pestant, il se mit à l’essorer comme s’il s’agissait d’un vieux linge. C’est à cet instant, qu’en levant le nez, il eut la surprise d’apercevoir un visage familier au pied de l’escalier.

– Monsieur l’abbé ? Que faites-vous chez moi au beau milieu de la nuit ? demanda-t-il intrigué.

Le jeune prêtre resta interdit. Il ne savait pas quoi dire. Il lui semblait légitime que le propriétaire de cette maison lui posât cette question mais il n’avait pas imaginé une seconde qu’il soit obligé d’y répondre. Il commença à ouvrir les lèvres mais aucune parole ne s’en échappa. Il cherchait une réponse, un début d’explication, n’importe quoi mais quelque chose de plausible.

Il s’imaginait que si un médecin l’avait trépané à l’instant même, il aurait pu entrevoir à l’intérieur de son crâne un système complexe d’engrenages, tel qu’on en trouve à l’intérieur de certaines horloges. Il sentait toute cette machinerie s’ébranler. Il croyait entendre dans son cerveau le cliquetis des rouages tournant autour de leur pignon, s’emboitant dans d’autres roues dentées jusqu’à ce que naisse une quelconque idée. Aux dires de sa maîtresse, monsieur Lecoq était un homme tellement dévot qu’il prendrait pour argent comptant le discours d’un ecclésiastique alors il tenta le coup.

Sans dire un mot, il se dirigea vers le maître des lieux, le prit par le bras et l’emmena dans le salon, avec assez de douceur pour ne pas paraître trop cavalier et avec assez de fermeté pour que l’homme se laisse faire.

– Mon père, que se passe-t-il ? questionna-t-il avec une pointe d’inquiétude dans la gorge. On me cache quelque chose ?

Armand le fit assoir sur un fauteuil capitonné, tout près de l’âtre. Il dévisagea cet homme, déjà entrevu à la sortie d’une messe, mais sans réellement le voir. Son regard s’était attardé sur sa charmante épouse plutôt que sur lui. Dans les alpages, le loup qui lorgne sur les grasses brebis n’observe le berger que pour savoir où il se trouve et non pour voir ce qu’il est.

Malgré un âge avancé, monsieur Lecoq était un solide gaillard, aux mains épaisses et velues. Il avait le front dégarni et les tempes grisonnantes. Son visage empâté et ses grands yeux ronds lui donnaient une physionomie plutôt affable, ce qui rassura Armand.

– Que se passe-t-il à la fin ? demanda-t-il impatient. Il est arrivé un malheur ? C’est cela, mon père ?

– Rien, trois fois rien. C’est votre femme…

– Ma femme ? s’exclama-t-il en se dressant de son fauteuil. Mais qu’a-t-elle ? Il lui est arrivé quelque chose ?

– Non, rien de grave, rassurez-vous… et rasseyez-vous que je vous explique.

– Mon Dieu, ne me faites pas languir. Qu’est-ce qui est arrivé à ma femme ?

– Rien, presque rien. Elle s’est sentie mal, voilà tout. Une forte fièvre l’a prise dans la soirée, soudainement.

– Mordieu ! cria monsieur Lecoq, en devenant plus blanc que sa chemise.

– Voyant que son mal ne voulait pas passer, elle me fit mander de toute urgence.

– Vous ?

– Moi. Et seulement moi, avait-elle précisé. Je suis venu le plus vite que j’ai pu. Votre domestique m’a fait monter dans sa chambre.

– Et alors ?

– A mon arrivée, elle était avachie dans son lit, le visage écarlate, son corps se contorsionnant lentement à la manière d’un serpent qui se love.

– Mon Dieu ! gémit monsieur Lecoq en plaquant sa paume de main contre ses lèvres.

– Et surtout, elle était brûlante à mon arrivée.

– Brûlante ?

– Oui, brûlante, toute chaude, comme si un feu ardent la dévorait de l’intérieur, ici, précisa-t-il en pointant son doigt sur la bedaine du mari, ici dans le bas-ventre.

– La pauvre petite… la pauvre petite. Elle qui est si fragile. Je vais la perdre, geignit-il en mettant la main sur son torse.

Il se sentait oppressé, comme si une boule lui pressurait la poitrine.

– Ce ne sont pas les seuls symptômes, poursuivit Armand sur le même ton lent. Elle avait le souffle haletant. Ses membres aussi moites que si elle avait dormi avec deux édredons sur elle en pleine nuit d’été.

– Qu’est-ce qu’elle a dû souffrir… se lamenta le mari, catastrophé.

– Nul doute qu’elle était en grande souffrance. En me voyant franchir le seuil de sa chambre, elle me supplia de la soulager, de la délivrer de ce feu qui la consommait de l’intérieur.

– Mais je ne comprends pas. Pourquoi ne pas quérir un médecin ?

– Pourquoi faire déplacer un médecin ? répliqua Armand en prenant un air étonné. Alors que par mon entremise, c’est Dieu lui-même qui prenait soin de votre femme. Pas besoin de lancette ou de clystère pour faire partir le mal. Rien que la vue de ma soutane eut un effet palliatif.

– C’est vrai ? Vous ne dites pas cela pour me rassurer ?

– Mais non ! Je vous dis la vérité. Et quand j’ai deviné son état, je me suis mis ardemment à la tâche. Priant le Très-Haut pour me donner la force de combattre ce mal mystérieux. Et croyez-moi, je ne me suis pas ménagé. J’ai pris le problème à bras-le-corps, comme on dit, conclut-il en souriant.

– Et alors ? Comment va-t-elle ?

– Mieux, elle se sent beaucoup mieux ! Beaucoup plus détendue, presque apaisée.

– Dieu soit loué !

– Votre épouse voulait que je reste encore à ses côtés, à son chevet mais j’ai senti que ma présence n’était plus indispensable. Je risquais de la fatiguer plus que de raison.

– Bon sang, me voilà rasséréné ! Ma chère enfant. Je monte de suite l’embrasser.

– Non ! cria le jeune prêtre en ouvrant de grands yeux. Il ne vaut mieux pas ! Elle dort du sommeil du juste, vous comprenez. Elle a besoin de repos, de beaucoup de repos. C’est légitime après toutes ses convulsions. Laissez-là se reposer, mon cher. Vous irez la voir à son réveil, au chant du coq. Mais là, elle est épuisée.

– Vous êtes sûr ?

– Mais oui, vous dis-je. Dieu veille sur elle. On ne fait pas mieux comme garde-malade, lâcha-t-il en riant de bon cœur.

Monsieur Lecoq s’esclaffa aussi, presque avec exagération, avec un rire cathartique qui l’aidait à se délester de ce poids qui lui avait comprimé la poitrine.

– Sur ce, je vais vous laisser pour aller me coucher, déclara le jeune prêtre en se levant. Avoir veillé votre épouse toute la nuit m’a éreinté. Je suis brisé de fatigue, confia-t-il en réajustant d’un revers de main sa soutane froissée.

– Je comprends. Nous abusons de votre gentillesse.

– Pensez donc. Tout le plaisir a été pour moi.

– Tout de même, voici quelque argent pour le dérangement.

– Non, non ! dit-il énergiquement en refusant la bourse qu’on lui tendait.

– Mais si ! C’est peu de chose pour moi, se gargarisa le mari. Allez, prenez pour votre peine.

– Non, redis-je. Je ne veux pas profiter de votre bonté. J’ai seulement fait mon devoir de prêtre. Faire du bien… euh… le bien pour mes ouailles est la quintessence même de mon sacerdoce.

– Ah, quel bon cœur que cet homme ! Alors prenez toujours pour vos pauvres, suggéra-t-il en lui mettant la bourse dans la main. Nul doute que vous en ferez bon usage.

– Bon, je m’incline.

Le mari raccompagna le prêtre d’un pas allègre jusqu’à la porte d’entrée. Il lui avait pris le bras comme on le fait entre amis de longue date. Il était tellement soulagé de savoir sa femme hors de danger qu’il avait envie de badiner. Il plaisantait sur les femmes, sur leur faible constitution, sur leur corps aussi frêle et fragile que celui d’un moineau, sur leurs humeurs si mal tempérées. Même en ouvrant la porte, en voyant la violente averse qui battait le pavé, il ne se départit pas de sa gaieté.

– Mais il pleut toujours des hallebardes ! s’exclama monsieur Lecoq. Tudieu, qu’est-ce qu’il dégringole !

– Oui, on dirait que le Bon Dieu nous rejoue la scène du déluge, railla Armand.

– Attendez, Jacques va vous raccompagner avec un parapluie, lança-t-il en faisant un signe au domestique à la livrée blanche. Il ne me reste qu’à vous remercier et à vous souhaiter une bonne nuit, mon père, dit-il en lui serrant énergiquement la main.

– Une bonne nuit, à vous aussi, monsieur. Ou du moins, ce qu’il en reste de la nuit. J’ai veillé votre femme si tard que je crois que le soleil sera levé avant que je me couche, lâcha-t-il, le sourire aux lèvres alors qu’on refermait la porte sur lui.

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Sur le seuil de la porte, sous un vaste porche flanqué de deux colonnes à bossage, Armand se coiffa de son tricorne tout en regardant la pluie tomber à flot. C’était un véritable déferlement d’eau, aussi soudain que violent. La pluie frappait les façades des maisons sans discontinuer, faisant trembler les volets. Des cascades d’eau jaillissaient de tous les toits, inondant les rues et les places à une vitesse surprenante, donnant la sinistre impression que la ville entière allait être engloutie par un océan en furie, à l’image de la mystérieuse Atlantide décrite jadis par Platon dans le Timée. Le caniveau central de la rue des Carrières ne parvenait plus à évacuer toute cette eau, il débordait, transformant peu à peu la rue en un torrent tumultueux. A deux pas d’ici, une gargouille hideuse, perchée sur le larmier de l’église Saint-Gilles, n’en finissait plus de vomir un flot bouillonnant.

Le jeune prêtre jugea plus prudent de patienter quelques instants sous le porche à l’abri de la colère du ciel. Les yeux fixés sur cette rue inondée, il récita machinalement : « Ce jour-là jaillirent toutes les sources du grand abîme et les écluses du ciel s’ouvrirent. La pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. » Amusé, il se tourna vers ce domestique longiligne, s’attendant à ce qu’il commente l’allusion. Mais l’autre ne broncha pas. Il tenait toujours dans sa main droite un curieux engin composé d’une canne en noisetier et d’une large toile de chanvre cerclée de bois, un assemblage que son maître avait eu l’audace de nommer parapluie. Armand songea en souriant qu’il ne se voyait pas braver les éléments avec un tel objet. Il aurait été aussi trempé que s’il avait plongé tout habillé dans l’Orne.

Au bout de dix minutes, les trombes d’eau s’apaisèrent, aussi brutalement qu’elles étaient apparues. Les cataractes perdirent de leur vigueur et cédèrent bientôt la place à de minces filets d’eau qui dégringolaient des toitures et explosaient en myriades de gouttelettes dès qu’ils frappaient les pavés. La rue des Carrières émergeait de nouveau des flots, devenant enfin praticable.

Armand soupira d’aise. Il allait pouvoir regagner ses pénates. Il fit signe à ce valet taciturne afin qu’il l’accompagne muni de son parapluie insolite mais celui-ci resta planté sous le porche, comme un pommier planté dans son verger, le regard attiré par l’eau que charroyait encore le caniveau.

– Ho ! Ho ! Vous venez ? l’interpella-t-il.

– Pauvre madame. Je m’inquiète beaucoup à son sujet, confia soudain le valet d’une voix monocorde. Son mal semble empirer de semaine en semaine.

Le jeune prêtre le dévisagea avec surprise. Il n’était pas dans les habitudes des domestiques d’étaler ainsi leurs états d’âme. Ce comportement contrevenait à toute bienséance. Il hésita un instant à le remettre à sa place mais en tant que prêtre, il était coutumier du fait. On venait souvent se confier à lui, comme à un être cher, comme à une mère, même à des moments impromptus. Sans être dans le confessionnal, sans avoir commis le moindre péché, beaucoup de ses ouailles se sentaient soulagées rien qu’à lui parler. La plupart du temps, il n’avait presque rien à dire, il se contentait d’écouter, comme si sa soutane avait un pouvoir cathartique. Ils parlaient de leurs vagues à l’âme, de leurs difficultés quotidiennes et ensuite repartaient apaisés.

Armand toussota afin de s’éclaircir la voix et lui dit en prenant un ton paternel :

– Allons, ne vous faites pas de mauvais sang. Elle se remettra bien vite d’aplomb.

– Oui, je sais, comme les autres fois. Mais dès que son mari prendra de nouveau la route pour ses affaires, elle fera une rechute.

– Vous exagérez, mon vieux. Elle n’est pas si souvent malade que cela.

– Je le crains, si, répliqua-t-il, la mine grave. Ses crises sont de plus en plus impressionnantes, en tout cas. Vous ne me détromperez pas sur ce point, je crois. Vous avez déjà assisté à plusieurs de ses terribles crises, vous qui passez pas mal de temps à son chevet.

– Cela m’est déjà arrivé, répondit Armand, gêné, mais je ne suis pas là à chacune de ses crises.

– Tout ce que je sais, poursuivit le domestique d’une voix neutre, faisant mine de ne pas avoir entendu le prêtre, c’est quand je passe devant sa porte close lors d’une de ses crises, et que j’entends ses râles déchirants, j’en ai la chair de poule. On dirait de longs gémissements, entrecoupés de soupirs haletants. Je me demande de quel mal mystérieux, madame peut bien être atteinte ? questionna-t-il naïvement.

Légèrement étonné par la tournure que prenait la conversation, Armand ne répondit pas tout de suite. Il se demandait si ce domestique était naturellement stupide ou s’il avait découvert le pot aux roses ? Mais si c’était le cas, qu’est-ce qu’il attendait pour abattre ses cartes au lieu de jouer ce jeu de dupes ? Ne sachant pas trop sur quel pied danser, Armand décida de jouer l’innocent jusqu’au bout et déclara :

– Elle souffre du mal qu’ont les jeunes femmes à être mariées, contre leur gré, à des maris plus âgés qu’elle. Elles finissent par s’étioler comme une jolie fleur délaissée dans son vase et qu’on a oublié d’arroser. Elle se flétrit peu à peu. Les barbons sont parfois ainsi avec leurs jeunes épousées. On dirait qu’ils les confondent avec un beau bibelot qu’on laisse exposé aux regards de ses hôtes sur le linteau de la cheminée. Mais si on ne s’en sert pas, le bibelot se couvre de poussière, s’abîme avec le temps, se ternit, se rouille. Pourtant, pour que ces jeunes femmes retrouvent tout leur éclat et toute leur fraîcheur, il suffirait de ne plus les délaisser, de les distraire, d’égayer leur existence. Voyez ce n’est pas un mal bien dangereux. Juste un léger mal-être.

– Pour ma part, je crois que ce mal est contagieux, poursuivit le valet avec le même sérieux.

– Allons, ne paniquez pas ! déclara le prêtre d’une voix moqueuse. Ce n’est pas demain la veille qu’on enfermera votre maîtresse dans un lazaret. Ce n’est pas parce qu’elle se fait porter pâle aujourd’hui qu’il faut la prendre pour une pestiférée.

– Je sais ce que je dis. Ce mal est sûrement contagieux, insista-t-il. C’est mon maître qui, à son tour, semble atteint, dit-il en prenant un air mystérieux.

– Que dites-vous là ? demanda-t-il interloqué.

– La vérité, mon père ! J’en veux pour preuve qu’à chaque nouveau voyage de mon maître, lui viennent de terribles maux de tête.

– Je n’étais pas au courant de ce fait.

– Dès qu’il quitte le domicile conjugal, son front le fait atrocement souffrir.

– C’est curieux.

– Je ne suis pas médecin, mais je gage que d’ici peu, son couvre-chef sera… percé par… deux petites cornes, lança-t-il avec une pointe d’ironie.

Ses dernières paroles ne laissaient plus la place au doute. Ce valet savait tout, depuis le début. S’il n’en avait touché mot à son maître, c’est qu’il avait une idée pernicieuse derrière la tête. Il restait à savoir laquelle.

– A l’énoncé de tous ces… symptômes, continua le domestique imperturbable, je crois savoir ce que pourraient conclure certaines mauvaises langues…

– J’entends mal votre discours, mon cher, déclara Armand d’un ton sec. Où voulez-vous en venir exactement ?

– Je dis simplement, qu’à votre place, je prierais ardemment le ciel que les langues se taisent.

– Pourquoi est-ce que les langues parleraient ? répliqua-t-il mordant.

– Peut-on empêcher une langue de parler, mon père ? rétorqua-t-il narquois. Au même titre, qu’on ne peut empêcher une rivière de couler ou un oiseau de voler. On ne peut aller contre certaines natures. Et puis, vous savez ce qu’est une langue ? A toujours être enfermée, à longueur de journée, dans une bouche, à tourner en rond, elle s’agite, elle piaffe d’impatience, elle brûle de parler. Alors vous pensez, dès que l’on a le malheur d’ouvrir un tant soit peu la bouche, elle se délie, elle file jusqu’à la première oreille venue et y déverse tout ce qu’elle sait.

– Cela serait fâcheux, en effet. Et est-ce qu’il n’y aurait pas un moyen, par hasard, de faire taire cet organe trop bavard ?

– Je ne sais pas vraiment. Mais vous savez ce qu’énonce le dicton : « seul le silence est d’or »…

– Je vois. Il faudrait en quelque sorte lui offrir une muselière en argent.

– En argent sonnant et trébuchant, cela va de soit, conclut-il, triomphant.

En écho à cette phrase, Armand crut qu’il allait lui mettre son poing dans la figure. Il se retint cependant, non parce que son habit ecclésiastique lui interdisait toute forme de violence, mais plutôt parce qu’un pugilat à la porte de cette respectable maison aurait inévitablement réveillé ses occupants, voire le voisinage. Comment ensuite empêcher le scandale d’éclater ? Tout autre qu’Armand aurait sans doute été paniqué dans un tel moment, mais pas lui. Il lui restait une botte secrète pour lui permettre de parer le coup de son adversaire et même de le terrasser :

– Vous avez bien changé, monsieur, en trois ans, ajouta-t-il le plus calmement possible. A cette époque, vous n’étiez qu’un horsain mal fagoté, au regard craintif, échouant dans notre belle ville de Caen. Vous souvient-il de ce fameux jour de mars, où vous étiez venu me voir après l’office, avec le désir de vous confesser ?

Le domestique se figea à l’annonce de cette phrase, comme si le prêtre avait prononcé une imprécation ou un enchantement afin de le transformer en statue de pierre.

Son désarroi n’échappa pas au prêtre qui poursuivit son discours sur le même ton posé et froid :

– Je m’en souviens encore comme si c’était hier, vous aviez quitté votre lointaine Touraine ayant eu maille à partir avec la Justice royale. Quel était donc ce crime que vous aviez commis ? Ah, ma mémoire me joue des tours, grommela le prêtre en exagérant sa gestuelle. Pourtant vous me l’aviez avoué dans le confessionnal. Mais si, vous savez ce crime qui vous a valu le bannissement de votre province natale et qui vous vaudrait, à coup sûr, d’être chassé de cette maison si on venait à l’apprendre…

– Vous n’oseriez pas trahir le secret de la confession ? coupa le domestique affolé.

– Moi ? Bien sûr que non, je suis tenu au silence par mon état de prêtre. Je tiendrai le secret de votre confession, rassurez-vous, dit-il en feignant la compassion. Mais ce n’est pas si aisé de se taire, croyez-moi, mon ami. C’est un véritable fardeau. Tenez, si je vous gageais de tenir votre langue à votre tour, pensez-vous que vous en seriez capable ?

– Je… Je pense que je n’ai pas le choix.

– Non, je ne pense pas, non, rétorqua Armand d’un ton sec. A votre avis, entre deux langues qui s’agitent et qui palabrent, laquelle les honnêtes gens seraient-ils plus prompts à croire ? La langue d’un vénérable ecclésiastique, connu et respecté de tous, membre d’une vieille famille locale de gentilshommes ? Ou la langue d’un obscur valet, venant du diable vauvert, qui porte, dissimulé sous sa chemise, une marque d’infamie, une épaule flétrie par une fleur de lys ? Mais que vous arrive-t-il ? Vous voilà plus blanc que votre livrée et vous ne dites mot alors que vous étiez si prolixe il y a un instant. Mais vous avez raison, dans certaines situations, il vaut mieux se taire. C’est le meilleur moyen d’éviter de dire des sottises.

Le jeune prêtre ne put s’empêcher de rire de bon cœur. Il avait retourné la situation à son avantage. Il pouvait aller se coucher l’esprit tranquille.

Voyant que la pluie cinglante avait définitivement laissé place à un crachin inoffensif, il quitta le porche le cœur léger. Les mains enfoncées dans les grandes poches de son manteau, il emprunta la rue des Carrières en slalomant entre les grandes flaques d’eau, tout en sifflotant gaiement l’air du Gloria. Il s’arrêta subitement et se retourna pour contempler une dernière fois son pitoyable maître-chanteur. Il voulait savourer jusqu’au bout sa victoire et lui lança :

– Vous savez à qui vous me faites penser ainsi, tout penaud, la tête rentrée dans les épaules, l’air chagrin comme si vous veniez de porter en terre toute votre famille ? C’est à la Perrette de la fable. Vous savez cette tête de linotte qui tirait des plans sur la comète, qui s’imaginait faire fortune avant même d’avoir gagné un sol ? Eh bien, vous êtes comme elle. La Fontaine concluait sa fable par : « Adieu veau, vache, cochon, couvée ». Que diriez-vous si nous concluions notre histoire par la morale suivante ?

« Si tu ne te tenais pas coi,

        Adieu emploi, gages et toit ! »

 

 

 

[1]  Synonyme de rusé.

Origine de Confesse

Origine de Confesse

Exactement comme mon premier roman « la Société des Derlines », l’idée d’écrire cet ouvrage est venue d’un procès du XVIIIe siècle que j’ai retrouvé aux archives départementales du Calvados. Pourtant, si avec les escrocs de la Société des Derlines, les feuillets du procès étaient très nombreux, ce ne fut pas le cas pour celui-ci. J’ai juste mis à jour un malheureux interrogatoire de quatre pages.

Un jeune noble venait d’être arrêté et était interrogé par le lieutenant criminel du bailliage de Caen. Celui-ci lui reprochait de s’être battu en duel, ce qui était formellement interdit par les édits royaux. Mais le plus étonnant, c’est que le juge lui reprochait surtout de s’être battu à l’épée contre un prêtre… A quoi le noble put lui rétorquer : « Oui mais votre curé, il vient de dépuceler ma jeune sœur… »

Cette histoire m’a donné envie de raconter la vie d’un curé libertin, autant libertin dans ses actes puisque c’est un viveur, un noceur, un séducteur, que libertin dans ses pensées puisqu’il est athée. Ce jeune homme de 27 ans, beau comme un dieu, est devenu prêtre non par conviction mais par la volonté de son père. Armand de Penthou est donc devenu curé de la paroisse Saint-Julien dans les faubourgs de Caen, en 1720.

Forcément ce jeune prêtre aimant autant les femmes, le bon vin et les jeux de hasard va vivre de nombreuses mésaventures à Caen, à Paris, à Lyon et même à Marseille.

La rédaction de ce livre a duré de juillet 2010 à juillet 2012. Je ne l’ai pas proposé tout de suite à mon éditeur, ayant dans l’idée d’écrire une suite. Finalement le temps a passé et j’ai abandonné l’idée d’un second tome mais je n’ai pas renoncé à l’envie de raconter la suite des aventures d’Armand. De janvier 2017 à novembre 2017, j’ai donc repris ma plume (ou mon clavier pour être exact) pour augmenter et améliorer cette fresque historique.

J’ai choisi le titre « Confesse » qui avait l’avantage de lier à la fois la religion et le libertinage…

 

Voici la couverture que j’avais imaginée pour ce roman.

Malheureusement elle n’a pas été acceptée, elle montrait pourtant bien le côté sulfureux de mon prêtre qui avait trouvé au confessionnal d’autres utilisations que celles prévues par l’Église catholique.

Présentation du roman Confesse

Présentation du roman Confesse

– Qui est ce jeune homme en aube blanche ?

 – C’est Armand de Penthou, monseigneur, qui s’apprête à entrer dans les ordres.

 – Cet individu veut devenir prêtre ? s’étonna l’évêque de Bayeux. Mais c’est impossible, il est beaucoup trop beau, trop élégant. Une telle allure chez un serviteur de Dieu, c’est presqu’un péché ! Je vous le dis, il a la beauté du Diable cet homme-là.

Le diacre répondit d’une voix calme et réfléchie :

 – Allons, monseigneur, dans ce bas-monde, c’est Dieu qui crée la beauté ou la laideur, et non le diable. Si Armand est beau, c’est uniquement par la volonté du Tout-Puissant…

 – Je ne doute pas que ce soit Dieu qui soit à l’origine de la beauté des êtres mais je vous parie que c’est bien le Diable qui ne manquera pas d’insuffler de coupables pensées à certaines paroissiennes qui croiseront ce prêtre à la trop belle figure.

 

Armand de Penthou est un jeune gentilhomme viveur et athée, devenu prêtre par la volonté de son père. Il aime les belles dames, le bon vin ainsi que les jeux de hasard et n’a aucune prédisposition pour la prêtrise. Ses goûts et désirs profanes ne vont pas manquer de l’entraîner dans des mésaventures périlleuses de Caen jusqu’à Marseille, victime de l’arbitraire des juges ou de la jalousie des femmes.

Dans ce roman historique, je vous emmène au début du XVIIIe siècle sur les pas d’un curé libertin qui veut échapper à la vie qu’on lui a imposée. L’humour, la sensualité et l’aventure sont au rendez-vous dans ma nouvelle fresque romanesque.