Feuilletez « À la Folie »

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PROLOGUE :

 Automne 1986.

            Dans l’Orne, sur les hauteurs du village de Crouttes, se trouve un peu à l’écart du bourg, une jolie petite maison blanche à colombages. Ce bijou de l’architecture augeronne repose dans un modeste verger qui lui sert d’écrin. Perché à flanc de colline, cette maison surplombe fièrement le vallon et le versant opposé. Elle contemple de son unique présence une grande mosaïque d’herbages pentus, ceinturés par des haies verdoyantes, foulés avec nonchalance par quelques vaches. Elle domine également l’ancien prieuré Saint-Michel, dont les imposants bâtiments bénédictins trônant majestueusement au milieu d’une vaste prairie sont les uniques traces d’une prospérité révolue.

Les gens du coin étaient unanimes : c’est de cette maison qu’il y avait le plus formidable panorama, et ils se disaient en haussant les épaules que c’était bien dommage que personne n’en profite jamais, notamment à la belle saison. Ses volets clos durant près de sept mois continus fermaient les yeux devant ce splendide paysage champêtre. La cheminée en brique d’où aucune fumée ne s’échappait indiquait aux riverains que la vieille bâtisse était souvent désertée.

Elle n’était pourtant pas abandonnée. Elle appartenait depuis quelques années à trois horsains, trois amis indéfectibles, des hommes dont l’amitié s’était peu à peu forgée au cours des épreuves subies côte à côte. En pleine tourmente de la guerre, malgré leur jeune âge, ils avaient rejoint le même maquis de résistance dans le secteur de Flers, ils y avaient connu la même vie clandestine, le même apprentissage des armes à feu, les mêmes angoisses à l’approche d’un convoi d’uniformes vert-de-gris. En août 1944, l’année de leurs vingt ans, à peine libérés, ils s’étaient engagés spontanément dans la 2e DB du général Leclerc qui poursuivait sa route vers l’est pour chasser de France les dernières troupes allemandes. Une fois la guerre finie, les trois hommes avaient suivi des carrières professionnelles différentes et ils s’étaient établis dans divers endroits de Normandie, sans jamais perdre contact.

Le plus replet et le plus débonnaire des trois se nommait Jacques Chevallier. Un Caennais pur souche, un citadin indécrottable qui avait fait carrière à la SMN[1] de Colombelles en tant qu’ingénieur. C’était un travailleur tranquille et efficace, apprécié de ses collaborateurs, un pilier de la C.G.T. locale. Il n’avait connu qu’un véritable drame dans son existence : la perte précoce de sa jeune épouse, au début des années 1950. Depuis son enfance, elle avait toujours été de santé fragile. Aujourd’hui, les médecins auraient diagnostiqué une cardiopathie congénitale avec cyanose mais à l’époque, on parlait pudiquement de maladie bleue. Les docteurs avaient deviné qu’il s’agissait d’un problème cardiaque sans réellement être en mesure de la soulager et encore moins de la guérir. Jacques disait souvent qu’elle s’était éteinte un soir, à bout de souffle. Très amoureux de sa femme, il n’avait pas envisagé un seul instant de refaire sa vie.

Le plus grand des trois hommes, le plus maigre aussi, se nommait Pierre Langlois. « Le commandant Langlois » comme il aimait s’appeler parfois pour taquiner ses camarades en faisant mine de se donner de l’importance. Il avait été un Gaulliste de la première heure. Son engagement au sein de la 2e DB avait dû lui conférer le goût de l’uniforme et de la discipline puisqu’une fois son service terminé, il avait poursuivi sa carrière dans la gendarmerie, principalement dans le Cotentin. Militaire zélé et pointilleux, il avait gravi un à un les échelons de la maréchaussée jusqu’à se hisser au grade prestigieux de commandant de gendarmerie. C’était un homme loyal, très franc, parfois abrupt dans ces propos et il faut reconnaitre qu’il pouvait être déroutant pour tout interlocuteur ne le connaissant pas suffisamment. Pierre Langlois était veuf depuis le début de l’année 1971. Un soir d’hiver, sur une route départementale, un chauffard trop ivre pour marquer le stop mit brusquement fin à vingt-trois ans de mariage. Comme son ami, il ne s’était jamais remarié.

Le troisième homme, qui semblait le plus posé et le plus réfléchi, était un juge d’instruction à la retraite, un ancien membre de la S.F.I.O. De l’avis général, notamment de ses collègues du tribunal d’Argentan, Paul Tournebride avait été un magistrat consciencieux et méthodique. Beaucoup estimaient que cela avait été un gâchis qu’un juge aussi compétent et sérieux ait végété toute sa vie dans cette modeste juridiction, sans demander de mutation dans un palais de justice plus important ou plus prestigieux. Cependant Tournebride n’avait jamais été un carriériste, il s’était contenté de faire son travail efficacement et méticuleusement, toujours à la recherche de la vérité, ne comptant jamais ses heures passées au bureau ou sur le terrain. Son métier avait été si chronophage, qu’un matin, sa femme excédée avait fait ses valises pour fuir le domicile conjugal. Ce fut seulement le jour où ils signèrent l’acte de divorce que Paul avait appris qu’elle avait refait sa vie avec un avocat de Caen.

Ce qui unissait aujourd’hui ces trois sexagénaires aux caractères et aux parcours si différents, c’était l’amour, ou pour être plus exact la passion, de la chasse. Rien d’autre n’avait plus de valeur à leurs yeux. Ils adoraient chasser, traquer le gibier pendant des heures sous n’importe quel temps. En atteignant un âge vénérable, beaucoup d’hommes ont besoin d’une foule de remèdes ou d’une cure thermale pour tenter de retrouver une seconde jeunesse. Pour eux, la seule vraie source de jouvence était l’exercice cynégétique[2]. Un fusil en main, la gibecière sur le côté, lancés sur la piste d’un animal, ces trois hommes oubliaient bien vite leurs rhumatismes, leurs doigts endurcis par l’arthrose ou même leurs prostates capricieuses. Dès qu’ils étaient sur la voie[3] du gibier, ils étaient aussi excités que leurs chiens. Et dans ces moments-là, il n’est pas exagéré de dire que même des trentenaires dans la force de l’âge étaient en mal de les suivre.

C’est pour cette raison que quelques années avant leur retraite, les trois amis s’étaient mis d’accord pour acheter en commun cette maison à Crouttes. Même un citadin endurci comme Chevallier, même cette fleur de pavé, avait signé l’acte d’achat avec plaisir à l’idée des mémorables parties de chasse qu’il pourrait faire dans cette région giboyeuse. Certains hommes, atteints du démon de midi[4], deviennent propriétaires de garçonnière pour y rabattre les demoiselles qu’ils avaient levées. Nos trois sexagénaires avaient d’autres envies, d’autres appétits. Pas de garçonnière pour eux, juste un repère au cœur d’un vaste terrain de chasse. Ils traquaient les sangliers et les chevreuils dans les bois au-dessus du lieu-dit de La Haiemet, ils tiraient la perdrix et la bécasse dans les environs de L’Hôtellerie Faroult, ils chassaient le lièvre et le garenne dans les prés de la Butte ou du Parc Damoiseau

Avec la liberté que leur permettait leur nouvelle retraite, ils séjournaient cinq mois de suite dans leur résidence secondaire arrivant en septembre, à l’ouverture de la chasse, et ne la quittant qu’en février, à la fermeture. Chaque année, ils étaient de plus en plus impatients que le printemps et l’été s’achèvent pour revenir à la belle saison… de chasse. Ce n’était même plus une passion, c’était leur religion.

Chaque soir, après avoir passé la journée à courir la campagne sur la trace du gibier, venait le temps si apprécié des agapes. Ils s’attablaient avec plaisir pour dévorer les fruits de leur chasse. Ils s’étaient arrangés avec madame Montreuil, la restauratrice de L’Hôtellerie Faroult, pour lui apporter, s’ils ne rentraient pas bredouilles, tout le gibier tiré, et en échange, elle leur mitonnait de bons petits plats qui ravivaient leurs papilles. Arrosé de vin ou de cidre, ils dégustaient des cuissots de chevreuil à la sauce chasseur, des civets de lièvre aux petites girolles, des rôtis de sanglier à la sauce grand veneur, des brochettes de caille et de marrons, des potées de pigeon aux choux, des faisans au vin avec une fricassée de petits pois et d’échalotes. Ils mangeaient bruyamment en se remémorant les péripéties de leurs journées, parfois en se moquant de celui d’entre eux qui avait raté sa cible.

En guise de dessert, ils fourbissaient leurs fusils pour le lendemain et ils soignaient leurs chiens. Ils se mettaient d’accord sur le gibier qu’ils essaieraient de tirer le lendemain, choisissant avec soin les cartouches adéquats ou échafaudant diverses tactiques. On aurait dit une veillée d’armes entre soldats avant une bataille. Ils ne finissaient jamais la soirée sans s’affaler dans leurs vieux fauteuils en cuir, face à la cheminée, leurs chiens ronflant à leurs pieds.

Là, devant la chaleur du feu, ils aimaient se raconter toutes sortes d’histoires. C’était, après la chasse, leur seconde grande passion.

Il faut avouer que ces trois-là étaient des conteurs hors-pair.

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Ce soir de novembre, ils restaient tranquillement devant la cheminée, l’esprit et la langue en repos. Seuls leurs estomacs étaient en activité, digérant lentement la quantité impressionnante de nourriture qu’ils avaient ingurgitée. Ils regardaient silencieux les longues flammes onduler dans l’âtre, telles des danseuses luminescentes et fantasmagoriques se tortillant en tout sens autour d’une bûche, jetant de grandes ombres agitées sur les murs de la maison.

C’est Paul Tournebride qui brisa ce silence de recueillement en faisant entendre sa voix forte, ce qui fit tressaillir ses camarades :

– Tiens, tant que j’y pense. J’ai un truc à vous raconter.

– Quoi donc ?

– Vous souvenez-vous de Berthier qui servait avec nous au sein de la 2e DB ? Un sous-lieutenant qui avait failli se faire descendre à la fin de la guerre, du côté du Berchtesgaden près du petit bois.

– Pour sûr que je m’en souviens. Un sacré gaillard, dur au mal mais aussi un bon vivant, un foutu viveur, ajouta Langlois l’œil malicieux comme s’il se remémorait soudainement quelques événements croustillants enterrés au fond de sa mémoire.

– Ce que je me rappelle surtout, renchérit Chevallier, c’est qu’à trente ans bien tassés, il avait un succès fou avec toutes les filles que l’on croisait. Et nous, les petits jeunots de vingt ans, cela nous faisait bien râler. Elles n’avaient d’yeux que pour lui.

– Vos mémoires ne vous trompent pas, c’est bien de lui que je vous parle, poursuivit l’ancien juge. Après la guerre, il s’était marié avec une fille du Mans, de vingt ans sa cadette, une belle fille brune, plutôt timide.

– Oui, je ne sais plus par qui, mais j’avais eu vent de ça, intervint le gendarme en se frottant le menton avec nonchalance. Il s’était installé à Alençon, je crois. Et à ce qu’on m’a dit, il plaisait toujours autant à la gent féminine, au grand dam de sa tendre et jeune épouse. Il ne se gênait pas pour la cocufier sans vergogne.

– Ah, ça, le Berthier, il n’allait pas changer du jour au lendemain. Autant qu’il est dans la nature d’un oiseau de virevolter dans les cieux, autant il était dans la nature de Berthier de folâtrer dans tous les jupons. Et ça, personne n’y pouvait rien. C’était dans l’ordre des choses, conclut Tournebride en esquissant un léger sourire.

– Mais pourquoi est-ce que tu nous en parles ce soir ? questionna Chevallier intrigué.

– Pour la simple raison qu’au mois d’août dernier, je suis allé lui rendre une petite visite de courtoisie, dans sa maison d’Alençon dans la rue du Val Noble. Le pauvre Berthier n’était plus que l’ombre de lui-même. Six mois auparavant, une attaque l’avait foudroyé. Depuis ce drame, il est paralysé et reste cloué dans son lit ou végète dans son fauteuil.

– Dieu nous préserve d’une telle fin ! coupa Chevallier en se signant à la va-vite. Cela doit être terrible.

– Pour lui, ce n’est pourtant pas le plus terrible à vivre. Le plus dur à supporter, c’est le comportement de son épouse.

– Comment ça ?

– Il m’a raconté, les yeux mouillants, presque pleurnichant comme le ferait un môme à qui on a cassé un jouet, que sa femme profite de son infirmité pour se venger de tout ce qu’elle a subi par sa faute depuis leur mariage. Il prétend que régulièrement, le soir, elle laisse entrer de jeunes hommes dans la pièce voisine, attenante à celle de sa chambre, et que là elle se livre à la débauche. Cloué dans son lit, le malheureux ne peut qu’entendre les souffrances du sommier agité par leurs ébats, il ne peut qu’entendre, sans y mettre un terme, les soupirs langoureux des amants ou leurs cris de jouissance. Et pour couronner le tout, le lendemain matin, en lui apportant son petit-déjeuner, elle prend un malin plaisir à venir s’asseoir au bord de son lit pour lui relater par le menu sa soirée d’orgie. Elle lui raconte tous les plaisirs procurés par ses vigoureux gigolos, sans omettre aucun détail croustillant.

– La salope ! coupa Pierre Langlois révolté par ce qu’on lui disait.

– Allons, tu n’es pas objectif, mon commandant. A l’annonce des joyeuses turpitudes de notre ami Berthier, je ne t’ai pas entendu lui donner le sobriquet de salaud. Pourtant ce n’était pas un parangon de fidélité. Il ne risquait pas d’être décoré un jour de l’ordre du mérite conjugal.

– Peut-être ! Mais que cette fille profite du fait qu’il soit diminué, je trouve cela dégueulasse.

– Il a sans doute profité, lui, à sa belle époque, de la naïveté, de la confiance ou de la docilité de sa jeune épouse. Pour ma part, elle ne me semble pas plus répréhensible que lui.

– Belle moralité pour un ancien juge ! persifla Langlois. On voit bien le laxisme des socialistes !

– Mes convictions politiques n’entrent nullement en jeu pour ce genre de réflexions, répliqua Tournebride sans broncher. Comme je le faisais lorsque j’étais encore magistrat, j’essaye juste, le plus objectivement possible, de comprendre la situation et les motivations de chaque personne. Imagine un instant cette femme qui, sa vie durant, a vécu avec un mari coureur de jupons, un homme qui n’a jamais cessé de la tromper. Et tout à coup, ce viveur ne peut plus vivre comme il le faisait. Il est diminué, grabataire, sans force… Sans doute que le charme de son mari, son charisme ou la peur, sait-on jamais, de son mari, tout ce qui maintenait enfermé la colère et la rancune de cette femme s’est effondré comme un château de cartes. Elle s’est soudain sentie libre, sans plus aucune entrave. Elle a réalisé qu’elle pouvait enfin se venger de la conduite adultérine de son mari. Elle n’a fait en somme que lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle règle ses comptes, si tu préfères,… sans oublier de lui faire payer les intérêts ! Et il faut croire qu’il avait un gros passif, notre ami Berthier.

– Et tu vas conclure qu’il a été puni par où il a péché !

– Pourquoi pas ? lâcha Tournebride en riant. Mais je n’avais pas prévu d’ajouter une moralité à cette triste affaire. Je voulais juste vous conter cette histoire. Elle m’avait tellement sidéré lorsque Berthier s’était confié à moi. C’est fou de penser que son épouse a été capable d’attendre patiemment autant d’années l’occasion pour se venger de la plus cruelle manière.

– S’il fallait affubler ton histoire d’une moralité ou d’une maxime, je pencherai pour « N’oublions pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ! » renchérit Langlois en souriant, satisfait de sa trouvaille.

– Bien dit, commandant ! lâcha Chevallier. Et je pense pour ma part que lorsqu’il s’agit d’amour, ce plat peut vite devenir très amer, voire empoisonné… Par mon expérience et par mes lectures, je suis arrivé à la conclusion que de toutes les vengeances mises à exécution, les plus terribles sont celles nées d’un amour trahi !

– Tu n’as pas tort ! poursuit Tournebride d’une voix exagérément grave, peut-être pour signifier qu’en tant qu’ancien magistrat, son avis valait parole d’évangile pour ce type d’affaire. De toutes les vengeances qu’il me fut amenées à traiter, celles liées à l’amour étaient plus violentes et plus ravageuses que celles dues à la convoitise, aux jalousies professionnelles ou aux querelles de voisinage. D’ailleurs ce genre d’affaire fait les choux gras d’une certaine presse. Les journalistes en mal de sensation, tout comme le commun des mortels, sont toujours avides de suivre des procès de crimes passionnels. Ce sont les affaires les plus intéressantes, voire les plus passionnantes, puisqu’elles nous renvoient à nos propres faiblesses.

Le silence se fit soudain dans la pièce comme si les deux hommes se laissaient le temps de méditer les paroles de leur ami. Un silence profond et un peu inattendu durant ces soirées de veillées. A tel point que l’épagneul breton se réveilla et leva le bout de son museau, sans doute un peu surpris de ne plus entendre un flot de paroles bercer son sommeil. Il ne tarda pas à se rendormir en entendant de nouveau la voix forte de Chevallier :

– Je partage ton point de vue, Paul. L’amour déçu entre deux êtres peut-être source des plus cruelles vengeances. Je connais d’ailleurs une histoire édifiante qui pourrait magnifiquement illustrer ton propos. Si vous êtes d’accord, mes amis, je me sens d’humeur ce soir à vous la conter.

– Avec plaisir, répondit aussitôt l’ancien juge en se calant dans son fauteuil, nous t’écoutons, mon vieux. Après une bonne petite partie de chasse comme cet après-midi, nos corps sont au repos mais nos esprits restent aux aguets. Nous sommes toujours à l’affut d’un bon récit qui pourrait nous divertir.

– Moi aussi, je suis partant, ajouta Langlois. Néanmoins s’il faut veiller tard, je suis d’avis de prendre des munitions pour rester attentif.

Sur ces mots, il ouvrit les portes du buffet et en sortit une volumineuse dame-jeanne en grès, cerclé d’osier tressé. Elle était au trois-quarts pleine d’eau-de-vie.

– Voici le meilleur calvados du coin, précisa le vieux gendarme la mine réjouie. Il vient de chez Raymond Deslandes au Haut-de-Crouttes. Il est fameux, sucré juste ce qu’il faut, assez souple et fruité avec au premier abord un petit parfum de pommes et de noix, et surtout en fond de bouche, un agréable goût de pommes cuites. Vous m’en direz des nouvelles.

Sans perdre de temps, il remplit trois petits verres d’un beau liquide ambré pendant que Jacques Chevallier lança en guise d’introduction :

– Je suis d’autant bien placé pour vous conter cette histoire de vengeance qu’elle concerne mes… parents.

 

Avant de poursuivre son histoire, l’ancien ingénieur prit tranquillement le verre de calvados qu’on venait de lui servir, sans doute voulait-il ainsi maintenir un léger suspense. Il avala d’un coup une bonne rasade comme pour donner un coup de fouet à sa langue et ses cordes vocales qui allaient être mises à contribution, tel des athlètes de fond s’apprêtant à s’élancer pour un marathon oral. Il reposa le verre, racla sa gorge et commença son récit.

[1]  SMN est le nom de la Société métallurgique de Normandie.

[2]  Qui a un rapport à la chasse.

[3]  Tout ce qui désigne le passage du gibier (empreinte de pied, odeur, touffes de poils…)

[4]  Tentations d’ordre sexuel qui assaillent certains hommes vers la cinquantaine.

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